Voilà donc 5 ans que j’ai commencé à exclure les « produits » animaux de ma consommation, quelle soit alimentaire ou vestimentaire. Je vais bien. On m’avait prédit que je mourrais de manque de protéines, ce n’est pas le cas. Mon poids n’a pas changé en 5 ans, après des années de hausse. Il n’a pas baissé.
Les articles précédents :
Normalité.
Un collègue, récemment, me disait qu’il trouvait bien que les produits végans soient mélangés aux autres dans les supermarchés. Cela évite d’aller dans des magasins qui, parfois, frôlent avec l’ésotérisme. Cela permet de rendre la consommation végane « normale ».
Je comprends ce collègue… mais, en même temps, pour moi qui suis végan, c’est chiant de devoir lire tout le temps et en permanence les compositions des produits, de scanner le code barre avec l’application Is It Vegan?
Le véganisme est devenu pour moi la normalité. J’ai du mal à concevoir, en 2018, avec tous les reportages et les informations qu’on a, qu’il puisse en être autrement.
Récemment, Gurren, lors d’un direct sur Instagram, disait qu’on n’a pas à préciser qu’on ne tue pas d’enfants. Que c’est la base. Pour le véganisme, cela devrait être de même.
Extrémisme.
Cette année, on m’a dit plusieurs fois, ou en parlant de moi, que j’étais extrémiste. Cela ne m’était pas arrivé auparavant.
Pourtant, je ne fais rien. Je ne milite pas.
Je l’ai déjà dit ici : le véganisme est, de base, pour moi, une non-action : ne pas tuer, ne pas payer un intermédiaire pour tuer un animal non-humain, autant que faire se peut. Pour le reste, je suis parfaitement intégré dans la société de consommation (bon, j’essaye d’avoir un mode de vie neutre en carbone… mais il n’y a que l’alimentation qui dérange ; c’est sans doute plus intime).
Suis-je trop intégré à cette société là ? Durant ces 5 dernières, je me suis peu investi dans la « véganie », je n’ai pas cherché à avoir une histoire végane, parce que je ne pensais pas que c’était nécessaire. Peut-être espérais-je que la société évoluerait plus aussi.
Mais, au bout de 5 ans,devoir expliquer ce qu’est le végétalisme, cela commence à être saoulant.
Rosa B. a fait une excellente bédé pour expliquer ce qu’est le véganisme modéré. Cela va peut-être me pousser à plus militer. Comme dit That Vegan Couple, le véganisme est le minimum que nous puissions faire.
Internet et YouTube
J’ai déjà pu le dire et l’écrire : l’existence d’Internet et des réseaux sociaux joue un rôle primordial dans le développement du véganisme. Parce qu’on a accès à plus d’informations, qu’on a des exemples de ce qui fonctionne, qu’on peut apprendre, se documenter, vérifier, évoluer ensemble.
Le président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) qui a fait annuler le festival végan de Calais, non pas devant la justice mais en menaçant de venir au « contact », ne pourra jamais lutter contre l’information que porte le Net. Et pas sûr que la campagne fantasmagoriques des Jeunes agriculteurs puisse changer quoi que ce soit…
Le véganisme est, comme disent Natasha et Luca, « that’s the least we can do« . Avec les connaissances que nous avons, comme le dit Jihem Doe depuis quelques mois, il faut maintenant aussi passer en mode Zéro Déchet, lutter contre les déchets, notamment plastiques. C’est de la cohérence vis à vis du véganisme, si on veut éviter de nuire à des individus non-humains.
Mais le véganisme est loin d’être majoritaire. Les intérêts financiers penchent pour le carnisme, même si on commence à avoir une offre végé, soit d’acteurs 100% soit parce que les grands groupes s’y mettent. Mais, dans le Béarn, une ferme de 17 000 cochons vient d’être approuvée par l’Etat. Cela aura des conséquences sur l’environnement, sur les riverains et sur les animaux. L’article L 214 du code rural dit : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. » Comment est-ce possible dans une ferme où transitent 17 000 individus ?
Q&A
Il y a à peu près un mois, j’ai demandé sur Instagram qu’on me pose quelques questions. Je n’en ai eu qu’une :
Pas trop dur d’évangéliser des non-végétaliens qui pensent que c’est une mode plutôt qu’un art de vivre ?
Il y a tellement de choses dans cette question !
Je n’ai pas l’impression d’évangéliser. J’explique parfois le véganisme, la façon dont je vois les animaux non-humains, mais c’est d’abord pour être compris, pour ne pas susciter d’interrogations, questionnements, inquiétudes.
Je n’ai pas rencontré de personnes qui pensaient que le végétalisme puisse être une mode.
Un art de vivre ? Pas plus. Le Zéro Waste est un art de vivre, même si c’est aussi une nécessité. La permaculture aussi. Etre off grid est un art de vivre. Mais en devenant végan, je n’ai pas changé de mode de vie. J’ai juste arrêter de porter la peau d’autres animaux, j’ai juste arrêté d’acheter des aliments issus de la mort d’autres animaux. C’est tout.
Je continue de faire des barbecue, de manger des saucisses, des merguez, des burgers, de la junk food. La seule différence ? Tout est végé. La seule chose qui ait vraiment changée, ce sont les questions que je peux me poser sur les rapports à avoir avec des personnes non-végés.