Je n’ai pas écrit depuis quelques semaines. Pourtant, je devrais avoir un peu plus de temps, non ?
Oui, c’est vrai.
J’ai gagné un temps énorme sur les transports.
Mon bureau se trouve maintenant à quelques pas. J’ai déplacé le clavier pour bloguer au soleil. Même dans la journée de boulot, c’est du temps de gagné pour aller chercher un café ou de l’eau ;-)
Voir cette publication sur Instagram
Mon jardin se trouve encore plus près du coup. J’essaye de faire pousser deux ou trois choses derrière ma fenêtre et peux manger régulièrement des feuilles de patate douce. L’autre jardin se développe sans intervention humaine. Je ne verrai son état que dans quelques semaines ou quelques mois, suivant la durée de la crise sanitaire. Parce que, il ne faut pas rêver, le déconfinement n’est pas encore là.
Et, évidemment, il n’est plus question de déplacement interurbain.
J’ai gagné du temps sur les courses.
Il y a quelques années, quand j’ai expliqué pourquoi je n’avais pas de frigo, j’ai écrit :
Si je veux un dessert à base de soja, donc conservé à mois de 6°C, il me suffit d’aller au supermarché au bout de ma rue. C’est la même chose pour une bière fraîche. C’est l’avantage de vivre en ville et de vivre en période de paix dans une économie prospère.
Cet avantage est tombé. D’un part, le supermarché a disparu depuis des mois. D’autre part il serait absurde de se déplacer pour un seul objet.
J’ai ajouté :
Il y a une économie d’échelle. Un frigo par personne est aussi inutile qu’une voiture par personne puisqu’on peut mutualiser cela.
La coopération n’est plus, maintenant, dans la mutualisation d’objets et c’est sans doute ce qui me perturbe le plus dans la période actuelle. La coopération, pour quelques semaines, mois, et peut-être années, c’est de ne pas tout mutualiser. Heureusement, il reste le numérique… et l’argent qui, elle, peut-être mutualisée et transformée en achats pour un usage dédié.
Le fait est que je ne sais pas dans combien de temps, j’entrerai dans un magasin. J’ai modifié, comme beaucoup, mon mode de consommation, allant vers l’essentiel le plus souvent. C’est fou tout ce dont on peut se passer ou réduire la consommation.
La vie associative a été reportée
TEDxToulouse aurait dû avoir lieu dans quelques jours. C’est clairement un gros temps de préparation reporté, même si tout n’est pas arrêté.
Alors, qu’est devenu ce temps libéré ?
Lavoisier et Anaxagore avaient raison :
tout se transforme
des choses déjà existantes se combinent
Avec le confinement, l’obligation de rester chez soi, de ne plus se rassembler, d’autres problèmes surviennent, qu’il faut résoudre.
Pour moi, le principal était la perte de notion du temps possible (sans doute beaucoup plus sensible dans des appartements, dans un environnement minéral, qui ne peuvent pas changer) – même avec ou à cause de l’application Death Clock qui tourne – avec le syndrome (je ne sais pas comment l’appeler autrement) du jour de la marmotte (que Thomas Goubin explore bien), en référence au film Le jour sans fin, ou avec un possible burn-out en ne tournant que sur une seule chose.
Je ne sais pas si j’aurais géré cela différemment si je n’avais pas eu un boulot que je peux continuer à faire en télétravail.
J’ai en tout cas mis rapidement des choses en place pour garder ce rapport au temps, à la fois avec ce calendrier présenté sur Instagram, mais avec aussi tout un tas de routines, de nouveaux rendez-vous hebdomadaires avec moi-même (et je me suis rappelé, grâce à Sébastien Durand ce que les 7 jours de la semaine signifiaient).
Je ne sais pas combien tout cela durera. Le premier des 10 conseils de Bertrand Piccard pour mieux vivre le confinement est :
Le plus important pour tenir sur la durée est de ne pas vous projeter dans le futur, ne pas vous réjouir que ce soit terminé.
Je me dis que tout ce qui doit être fait pour durer. Pour éviter la frustration mais aussi parce que sans doute des choses perdureront, dans notre rapport au travail, aux autres, au numérique, aux réseaux sociaux (pourrions nous imaginer le confinement sans cette ouverture que sont les messageries, services vidéos, réseaux sociaux ?), mais aussi, surtout, à soi et/ou à l’unité familiale, au delà du souvenir ce que nous aurons tous vécu (parce que, oui, tu, je, nous ne sommes pas seul.e.s).
(J’ouvre une parenthèse, puisque je parle des unités familiales et qu’en cette période de confinement, les violences intrafamiliales augmentent dramatiquement :
- le 3919 c’est le numéro à appeler en cas de violence faites aux femmes – et un texto peut aussi être envoyé au 114
- le 119, c’est l’enfance en danger
Voilà, tu sais. Je ferme la parenthèse.)
Après le confinement, je ne sais pas ce que je ferai, qui j’irai voir, qui je pourrai voir. Sans doute qu’il n’y aura pas d’après, d’ailleurs. Pas une date fixe, juste une modulation entre confinement et autre chose.
Mais, comme dit Piccard, il ne faut pas anticiper la sortie. Le présent est déjà suffisamment complexe. Il offre déjà tellement de choses à résoudre. Comme pour un marathon, de ce que j’en ai lu ou entendu, l’important est le pas suivant, pas l’arrivée. Alors, un pas après l’autre… et restons chez nous quand c’est possible, pour tous nous protéger. Comme dit Elisabeth II,
we will succeed – and that success will belong to every one of us..