À ne pas manquer ce weekend à #carbonne avec 2N comme dans transition :-) et il y aura plein de gens très bien là bas #volvestre #Toulouse https://t.co/N1rbXuyuTg
— Bel et Bien Vu (@beletbienvu) 13 octobre 2016
Ce week-end, il y a le Carbon(n)e Free Forum (pdf) et je me dis que nous sommes tout de même dans une drôle de période puisqu’il faut militer pour la sauvegarde du climat, de l’environnement, et donc de notre société. Est-ce que cela ne devrait pas être le rôle des politiques ?
Que dira-t-on, dans 50 ans, de notre société qui, malgré la somme extraordinaire de connaissances et de richesses qu’elle a, n’ouvre que partiellement les yeux ?
Je n’ai pas regardé le premier débat de « la primaire de droite » jeudi soir. Mais j’ai lu ce résumé des propositions des candidats. Il est probable que le prochain président de la République française sera l’un d’eux. Ils parlent d’économie, d’Etat, de frontières, de migrations sans parler de l’évolution du climat, des conséquences écologiques de l’augmentation des températures. C’est, pour moi, juste hallucinant. De même, ils n’ont pas intégré ce que la révolution numérique permet de faire, en bouleversant le fonctionnement des entreprises, sauf peut-être NKM qui plaide pour les freelances. Politic as usual.
Nous sommes dans une période de transition. Elle peut être joyeuse ou brutale. Nous avons encore le choix, pour une très courte période. Plus nous attendons, plus nous perdons de cette liberté de choisir.
Les candidats, jeudi, voulaient tout réformer : le temps de travail, les salaires, la retraite, les relations sociales entre entreprises et salariés, les taux d’imposition, l’Etat de droit, la place de l’Etat dans l’entreprise, le regroupement familial. Mais ont ils parlé de transition ? Non.
Pourtant on pourrait réfléchir à une autre organisation du travail. Intégrons le temps de trajet dans le temps de travail et les organisations se mettront au home office, au télétravail, moins gourmands en énergie fossiles, mais aussi au covoiturage et aux temps de réunions informels dans les véhicules.
La croissance infinie n’existe pas. Nous n’avons qu’une seule planète (je mets de côté Mars, hein). C’est ce que nous apprend la période actuelle. Or, l’augmentation du temps de travail que veulent les candidats pour les salariés (et ils n’en sont pas) est basée sur un dogme : celui du travail qui génèrerait de la croissance et donc des richesses à partager. Mais si on produit plus vite les mêmes voitures, si on raffine plus de pétrole, si on élève plus de vaches, qu’on les tue plus rapidement à l’abattoir, est-ce que cela a vraiment un sens ? Pour moi, il est évident que non. Ce modèle là est passé. La production de masse génère une baisse des coûts, rend donc la croissance moins efficace, en plus de générer du gaspillage et de la violence. Et que chaque vache, chaque animal qu’on tue abat dans notre système est un être vivant, sentient.
La transition écologique devrait être à la base de la réflexion sur le travail, de notre rapport avec lui, mais aussi sur la réflexion sur la répartition des richesses et donc de la rémunération des individus.
Nous savons aussi que les changements climatiques, la raréfaction des ressources, engendrent des migrations. On pourra bâtir tous les murs possibles, creuser toutes les mers, on ne peut pas demander à des humains de faire autre chose que ce qu’ils ont toujours fait : chercher à survivre, à vivre mieux, à fuir les guerres et la persécution, à vouloir être libre. Il est d’ailleurs étrange que ces candidats, qui se disent libéraux, fassent si grand cas des frontières. Le minimum serait de réfléchir aux causes des migrations, aux destinations des migrants et réfugiés, aux solidarités à mettre en oeuvre.
La place de l’Etat, enfin. Au début de ce billet, je disais que la transition pouvait être joyeuse ou brutale. Or, la place de l’Etat dans la société est de plus en plus importante. Vigipirate, l’état d’urgence n’en sont que des avatars de plus. NKM veut qu’un recruteur puisse savoir si une personne est fichée S ou non. Or les personnes fichées S peuvent être aussi des activistes, des syndicalistes, des militants écologiques, comme on l’a vu lors de la COP21. Il s’agit de personnes qui, à un moment donné, peuvent ne pas être d’accord avec les agissements de l’Etat français. Vouloir mettre un fichier administratif de police dans les relations de travail, dans les moyens de subsistance d’une personne, c’est violent. La social-démocratie, parce qu’elle consulte, qu’elle laisse de la place à la société civile, aux corps intermédiaires, est plus propre à la mise d’une transition soft.
On vit une drôle de période, je vous le dis. Carbonne ces deux jours, Marrakech dans un mois pour la COP22… est-ce qu’il n’est pas temps de mettre à jour notre logiciel politique pour intégrer la nécessaire transition que nous allons vivre ?