Le 1er tour de l’élection présidentielle française a lieu le 23 avril. Pour la première fois depuis que je suis en âge de voter, je ne sais pas, deux mois avant le scrutin, pour qui je vais voter.
Pour la première fois, plusieurs candidats se réclament de l’écologie, sont au moins pour limiter le nucléaire dans la production électrique, voire sont pour un développement soutenable. Et, le mieux, c’est que certain-e-s pourraient être élu-e-s ! Même le changement de République, un meilleur poids des citoyen-ne-s dans la vie politique est envisagé !
Mais, pour la première fois aussi, on ne sait pas vraiment qui va ou pourra se présenter. A gauche, les écologistes Mélenchon, Hamon et Jadot doivent encore discuter. Deux se présenteront sans doute. Reste à savoir qui soutiendra le troisième. A droite, la candidature de Fillon sur des valeurs de travail et de probité est surréaliste. Je ne peux m’empêcher de penser à Ayrton Senna qui accélère dans le virage de Tamburello, à Imola, pour reprendre le contrôle de son véhicule. Et pendant ce temps, Bayrou tergiverse.
Et puis, il y a celles et ceux qui n’arriveront pas à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter, ou qui n’arriveront pas à s’imposer dans le débat politique, malgré leurs positions humanistes, progressistes, citoyennes, écologiques.
Pour la première fois, la victoire de Marine Le Pen le 7 mai est possible, parce que le report de voix entre le 1er et le second tour n’ira pas de soi, qu’elle soit face à Fillon, Macron, Hamon ou Mélenchon. La France n’aura pas son Alexander Van der Bellen, candidat Vert arrivé au second tour de l’élection présidentielle 2016 et qui a fini par s’imposer avec une faible majorité.
Pour une fois, parce que personne n’a de bilan à revendiquer, les thèmes portés par cette élection sont intéressants et ouverts : la place du travail, la façon de faire de la politique, la mise en place d’un système énergétique durable, la sortie du nucléaire, les liens entre l’Europe et la France, l’école, les valeurs humanistes que l’Europe échoue à porter… et même la place des animaux non-humains dans notre société ! Le besoin d’éthique monte aussi : que ce soit parmi les politiques, la police mais aussi face aux données personnelles, la biologie, la robotique, la fiscalité des entreprises, etc..
Malgré tout cela, il est étrange que la vie politique de tout une région européenne comme la France, se cristallise sur l’élection d’une seule personne. Comme si l’élection des Parlementaires de juin au Palais Bourbon n’avait pas d’importance. Pourtant, c’est là que tout se jouera véritablement.
En attendant, on attend de savoir quels seront les candidats de gauche et si Bayrou se présentera. J’espère que quelqu’un prend des notes parce que cela fera un excellent scénario, quoique un peu surréaliste, pour un téléfilm.
Hello Philippe
Une petite remarque pour commencer : je te cite : « A gauche, les écologistes Mélenchon, Hamon et Jadot doivent encore discuter », je dirai plutôt les « candidats de gauche et écologiste ». je te renvoie en effet à l’article de Fabrice Nicolino dans Charlie du 15 février, qui dénonce (certes très brutalement) l’imposture des propositions de Benoit Hamon en matière d’écologie.
Pour le reste, parce que beaucoup de commentateurs de la vie politique ont tout au long de 2016 tenté de rassurer les opinions publiques européennes sur l’improbabilité de l’élection de Trump aux Etats-Unis, je reste très prudent quant à la probabilité d’élection de MLP à l’élection présidentielle française.
Néanmoins, l’analyse des intentions de vote à 2 mois laisse espérer des reports de voix vers le candidat non extrémiste (probablement Macron mais rien n’est joué à ce jour) qui laissent peu de chances à la candidate du FN
Enfin, nous ne sommes pas aux USA : il n’y a pas de mid-terms qui permettent de modifier le rapport de forces en faveur du Parlement. Depuis l’inversion du calendrier voulue par Jospin (sa pire erreur politique) l’élection de juin poursuit voire amplifie celle de mai ; De plus MLP, sachant qu’elle n’aura pas la majorité parlementaire à Versailles, lancera très vite un voire plusieurs référendums, sur lesquels il sera bien difficile d’inverser la dynamique.
Pas sûr que le film soit bon, ni que nous n’en soyons acteurs d’arrière plan, parmi ceux qui finissent mal…
Bon dimanche,
Bonjour Régis,
Je voulais bien mettre les 3 aux mêmes niveaux. La gauche productiviste, telle que furent le PS et le PCF durant les dernières décennies, ne m’intéresse pas. Elle mène dans un mur, notamment au regard du réchauffement climatique et des ressources limitées de la planète.
Je n’ai pas lu l’article de Fabrice Nicolino. Le maintien du nucléaire à 50%, de la part de Hamon, me titillait déjà un peu. Je suis curieux de voir sur quoi le dialogue Hamon / Jadot va donner. Si le PS ne devient pas écolo, pourquoi discuter ?
Pas de mid-term, oui. Et même si la France est maintenant un Etat décentralisé, la politique nationale a encore un poids important. Je te rejoins sur la dynamique qui sera mise en place.
Au cours des prochaines, la gauche va taper sur Macron. Son programme économique est libéral. Outre Manche, il serait lib-dem. C’est pour cela que je suis prudent à la fois sur sa présence au second tour et à la fois sur un report possible de voix.
Bon dimanche ;-)