Étrange campagne présidentielle que celle que nous vivons où chacun s’évite, où on parle boucherie ou permis de conduire en oubliant le changement climatique, la biodiversité (et les abeilles, la qualité de l’air, le plastique dans les mers, les pollutions…), le nucléaire, la financiarisation de l’économie, le poids de la dette en Europe, le rôle de la banque centrale, le rôle du parlement, celui de la presse. Hier, une personne m’a demandé quand la campagne allait commencer. Elle s’attendait à ce qu’il y ait des débats, des échanges d’idées, pour pouvoir faire son choix.
Il ne me semble pas que les blogs politiques aient joué un grand rôle cette année dans ces débats là. Ou peut-être en étais-je trop éloigné. Sur Facebook, pas de grosse discussion non plus. Quand on est poli on ne parle pas politique, n’est-ce pas, cela évite de s’embrouiller. C’est vrai. C’est comme dans les repas de famille. Mais, du coup, à quel moment parle-t-on politique si ce n’est pas lorsqu’on est en société ? Au travail ? Dans les transports en commun ? Au café avec la table à côté ? Dans un parti politique (ce qui limite les possibilités de débats…) ? En le faisant seulement de manière anonyme sur le web ? C’est étrange.
Contrairement à ce que j’ai écrit il y a quelques semaines, je n’ai pas non plus beaucoup plus parler politique ici. J’ai un peu plus tweeté peut-être mais pas beaucoup plus. Résultat ? A une semaine, je ne suis pas encore sûr à 100% du bulletin que je mettrais dans l’urne dans une semaine. Il y a une forte probabilité mais il y a un doute et donc une nécessaire réflexion.
Ce que je retiens de cette présidentielle :
- Jacques Cheminade… Une de ses propositions aurait dû faire débat ou consensus : séparer les banques de dépôts et les banques d’affaires. D’autres candidats l’avaient proposé. Par contre, proposer de produire des déchets nucléaires en pariant sur des découvertes supposées dans 50 ans me semble être un pari particulièrement dangereux. J’ai beaucoup joué à Civilization mais je fais la différence avec la réalité…
- Philippe Poutoux est sans doute le seul des 10 à ne pas être un politique. Il ne maîtrise pas forcément les dossiers économiques mais, au moins, est à même de dire ce que peuvent vivre des ouvriers, employés. Candidature témoignage ? Peut-être. En tout cas, candidature, légitime parce qu’il a obtenu les 500 parrainages. J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi il est disqualifié parce qu’il est ouvrier. En démocratie, tout le monde a le droit de voter, de faire de la politique, qu’on soit plus ou moins compétent dans tel ou tel domaine. On ne passe pas de permis pour cela.
- Jean-Luc Mélenchon offre une lecture politique de ce qu’il se passe là où, nationalement, ni le PS, ni le PC n’étaient capables de le faire même si, du coup, il me semble parfois caricaturale (mais comment une grille de lecture pourrait ne pas l’être ?). Eva Joly rappelait il y a quelques jours que le Parti Communiste auquel il est allié n’a pas forcément les mêmes positions que lui sur le nucléaire, le productivisme. Pas faux. Par contre, contrairement à Nathalie Arthaud, il pense que le bulletin de vote a un poids.
- Je ne comprends pas qu’Europe Ecologie Les Verts reste à ce pourcentage d’intentions de votes mais, à mon avis, Nicolas Hulot aurait fait la même chose qu’Eva Joly et aurait été moins clair sur le nucléaire, vues les primaires des écologies. Ce sont les thèmes portés par EELV qui ne prennent pas. Parce que, comme l’a dit The Economist, nous sommes dans le déni ? Parce que nous ne voulons pas voir les crises économiques et écologiques ? Je dois avouer que j’ai trouvé courageuse la démarche d’EELV et de la candidate d’aller vers les ouvriers du nucléaire pour leur dire qu’elle voulait fermer les centrales et qu’elle considérait qu’ils devaient faire partie de la solution, qu’elle devait parler avec eux de leur reconversion.
De Le Pen, Sarkozy, Bayrou, Hollande, je n’ai rien retenu de cette campagne. Je n’ai rien appris de nouveau. Je n’en parlerais donc pas…