Je ne suis pas un spécialiste de la diplomatie ou du journalisme mais, depuis une semaine, Wikileaks truste les conversations en ligne (cf la première page de Wikio, mon Twitter Tim.es, ou ce que je retweete . Je ne crois pas avoir de parti pris, mais voulais poser deux ou trois mots ici pour me permettre de réfléchir un peu sur le sujet, avec vous aussi, si cela vous intéresse.
Il y a quelques jours, après l’émission Ce soir ou jamais consacrée au sujet, j’ai eu une discussion très intéressante, qui m’a permis de répondre à plusieurs questions :
1. Les journaux devaient ils divulguer des informations qu’on leur avait confié ?
Je trouve vraiment étrange qu’on reproche à des journalistes de faire leur travail, vraiment. Oui, bien sûr que les journaux doivent informer.
2. Les diplomates doivent ils tenir secrets leurs communications ?
Oui, bien sûr. Les négociations, tractations, informations font partie du travail diplomatique. Qu’une grande partie soit secrète, franchement, cela ne me choque pas. Mais c’est aux Etats de protéger leurs communications, pas aux journalistes. Rappelons que les informations diffusées ont été sorties par un seul homme de 22 ans, qui le paie de sa liberté.
3. La presse doit elle tout dire ?
Non. Mais c’est à elle de choisir ce qui lui semble important, aux parlements élus démocratiquement de fixer les règles.
Pour moi, sans espace privé, sans vie privée, sans correspondance privée, il n’est point de liberté et, donc, de démocratie. Mais ce sont les citoyens qui votent, pas les États.
Mais c’est aussi pour cela que je pense qu’un droit à l’oubli est souhaitable sur le Net comme il l’est naturellement IRL, et que le droit à l’anonymat et à l’utilisation de pseudos sont vitaux pour la démocratie (et ce n’est pas le droit de dire n’importe quoi).
Mais, pour moi, comme observateur un peu lointain, la vraie question que me semble poser Wikileaks, c’est l’apparition d’une presse globalisée et donc d’une opinion publique mondiale. Or, il n’existe pas encore d’Etat mondial, et c’est peut-être là que le bât blesse.
Franchement, je serai choqué qu’il existe, en 2010, des logiques d’Etats différentes entre, disons, par exemple, la France et l’Allemagne. Il est forcément étrange pour des citoyens mondialisés, qu’il existe encore des intérêts divergents entre les Etats-Unis, l’Australie, l’Europe.
Les entreprises sont globales, nous sommes sur Facebook, utilisont Google, des smartphones… Maintenant, d’un pays à l’autre, nous avons accès aux mêmes informations (au pluriel, c’est important). Il me semble donc logique que la disparition progressive des frontières, le développement de social-démocraties, amènent à la disparition de certaines chancelleries.
Les débats de cette semaine, autour de la correspondance diplomatique des Etats-Unis d’Amérique diffusée, via WikiLeaks, me semblent être révélateurs de cela. Voilà…