Il y a un peu moins d’un siècle, lorsque Charlie Chaplin tourna dans Les temps modernes, la modernité était le fordisme, une organisation séquencée jusqu’à la folie du temps de travail, avec des tâches très répétitives. Dans un roman écrit dans les années 1930 (Contrepoint d’Aldous Huxley?), le narrateur proposait d’enlever tout droit aux travailleurs, et qu’ils retrouvent leurs droits de citoyens en quittant leur travail. Heureusement, les temps ont changé.
Maintenant, on sait que des femmes et les hommes qui travaillent pour des organisations peuvent aussi être sources de propositions, d’innovations. La réussite la plus emblématique de cela, c’est celle de Google, avec les 20% de temps que les googlers peuvent consacrer à des projets personnels.
La possibilité de chercher, tester, se tromper, recommencer, réfléchir à des améliorations me semble primordiale. C’est important parce que, tout simplement, l’homme est un être de projets. Ne plus avoir de projet, ne plus avoir la possibilité d’en exprimer, c’est être déshumanisé.
Mais c’est aussi important pour l’organisation et la communauté/collectivité: les opérationnels ont souvent en tête de résoudres des problèmes pratiques. Ainsi, dans cette société qui peignait des voitures, un jeune assistant chercha un solution pour avoir des délimitations précises et inventa des rubans autocollants. L’entreprise s’appellait 3M et il avait inventé le scotch ;-) L’entreprise qui se laisse du temps pour l’innovation, les tests, sera une entreprise capable de s’adapter, de diversifier ses activités. Et cela devrait être pour n’importe quelle boîte.
Dans mes to-do-lists, dans mes projets, j’essaie de mettre des choses ou des rencontres nouvelles. Je me donne du temps pour cela, mais pas forcément sur mon temps salarié. Ce n’est pas encore une démarche que l’on trouve partout.
Lors du FibreCamp, un atelier était justement consacré à l’innovation. Etrangement, personne n’avait la possibilité de consacrer du temps à des projets personnels sur son temps salarié, y compris dans les laboratoires. Le cadre d’une grosse et importante multi-nationale, cependant, dit qu’ils étaient depuis peu encouragés à exprimer des idées personnelles.
Dans ce contexte, l’entrée de Wikipédia, consacré à l’innovation en France est amusante:
L’objectif aux niveaux national et communautaire est d’atteindre 3% du PIB en dépenses de Recherche & Développement à l’horizon 2010. En effet, le cœur de l’innovation repose sur la R&D, or l’économie française n’investit aujourd’hui que 2,2% du PIB en R&D
On est là encore très loin de ce que permettrait le modèle Google. Et puis, dans les 9 principes de l’innovation, il manque une chose importante, dite par Richard Branson: « a business has to be involving, it has to be fun, and it has to exercise your creative instincts. » Bref, tout cela ne serait rien sans l’excitation du fun ;-)