Visiter un proche dans une maison de retraite c’est, à un moment, parler du téléphone : « je t’ai appelé, tu n’étais pas là ou tu n’as pas entendu ? » « quand ça sonne, il y a le voyant qui s’allume » « pense bien à faire le 0 devant le numéro ? » « tu as tous les numéros enregistrés, appuie là et là ». Cela fait des années que ses discussions ont lieu et je suis sûr que vous les avez aussi eu. La situation empire avec les pertes de mémoire, la perte de l’ouïe et de la vision. Les téléphones ont des touches énormes.
Sans doute que, avant, il n’y avait pas vraiment d’alternative. Passer par un standard, alors qu’on ne l’a jamais fait, doit être déroutant. Suivre des procédures pour pouvoir appeler ses enfants, aussi. Devoir faire attention à des voyants qui s’allument, aussi.
Mais nous sommes en 2013. Les constructeurs automobiles équipent les habitacles pour qu’on puisse y brancher des téléphones sur les enceintes. Les smartphones répondent à la voix. On peut utiliser un ordinateur sans clavier ou souris, et il y a aussi la kinect. On peut faire de la visio-conférence grâce à Skype ou, surtout, le hangout de Google. Les écrans sont tactiles. Google Now essaye de me donner des informations avant que je pense les lui demander.
Mais il n’y a pas de reconnaissance vocale dans les maisons de retraite. Il n’y a pas d’écrans tactiles sur les murs. D’ailleurs, dans une où j’étais hier, un des débats était de savoir s’il fallait qu’il y ait une connexion Internet.
Faut il rappeler qu’Internet permet de créer des liens, des interactions sociales, permet de découvriree sans cesse et que cela stimule donc le cerveau et les neurones ? Qu’ « un agé qui tweete ne vieillit jamais » ?
Sans doute que toutes les maisons de retraite ne sont pas identiques. Que les dispositions ne sont pas les mêmes partout. Que chaque personne, chaque famille, est différente. Mais, il me semble qu’il y a là un secteur complètement oublié par la révolution technologique, qui représente un vrai enjeu, pour que les personnes dépendantes gardent le plus longtemps possible des marges d’autonomie, ne soient pas infantilisées, et aient des liens sociaux facilités.
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