2015 se termine. Cela aura été une année de merde. Les attentats, de janvier à novembre, ont touché de nombreuses personnes. Notre capacité de résilience a été testée. La société a tenu.
Nous avons, collectivement, en France, été à la hauteur : rassemblements, manifestations, sorties, compassion, union, émotion. Beaucoup de gestes, d’écrits, partout en France, de la place de la République à celle du Capitole. Il y a eu les portes ouvertes, les bougies, des crayons levés, un bouquet de fleur à une personne qui a rappelé que Paris est une fête et un soutien aux associations où elle milite pour les droits de tous.
La société a tenu, elle est restée debout. Mais ce n’est pas seulement la France, c’est aussi le monde entier qui a soutenu Paris.
Après les attentats de Paris, John Oliver… par LeHuffPost
Si la France avait un gouvernement social-démocrate, une Assemblée qui soit indépendante de l’exécutif, l’Etat aurait peut-être essayé de s’attaquer à ce qui a rendu possible le terrorisme nihiliste que nous avons subi. Mais nous n’avons pas eu cela.
Après la tragédie d’Utøya, le roi Harald V de Norvège déclara :
« Je m’accroche à la croyance que la liberté est plus forte que la peur, je m’accroche à la croyance en une démocratie et une société norvégienne ouverte. »
C’était totalement en phase avec la déclaration du premier ministre, Jens Stoltenberg :
« J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur. Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance. »
En France, il y a l’état d’urgence, les interdictions de manifester, l’assignation à résidence de militants écolos et, maintenant, la volonté des chefs de l’Etat et du gouvernement de mettre fin au droit du sol en France, de mettre fin à plus de deux siècles de tradition républicaine. Tout le monde sait que cela ne servira pas à lutter contre le terrorisme. Ce n’est qu’un symbole qui divisera la société française. Ce que les terroristes n’ont pas réussi à faire, nous diviser, un gouvernement socialiste est en train de le réaliser.
Lorsque j’ai commencé l’année, j’étais très optimiste. Franchement, j’ai du mal à l’être en cette fin d’année. 2016 aurait dû être une année « calme ». Les efforts du gouvernement pour diminuer le chômage aurait dû commencer à porter leurs fruits. Après la COP 21, la France aurait dû s’orienter vers une meilleure préservation de l’environnement et donc du vivre-ensemble. De manière logique, les emplois verts auraient dû commencer à produire des effets positifs. La France aurait dû panser ses blessures et rester soudée malgré et à cause des attentats.
Mais quelques semaines après la COP 21, l’Etat a autorisé le rejet de produits toxiques dans le Parc national des Calanques et il est probable que des actions soient menées par l’Etat sur le chantier de l’aéroport de Notre Dame des Landes. Je me dis que ce n’est pas un hasard si un compte Twitter de propagande vient de reprendre du service. Avec l’état d’urgence, on peut imaginer que les affrontements risquent d’être violents.
Les partis politiques, la société civile vont se déchirer sur la déchéance de la nationalité, sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence. Les positions transcendent les partis. Après les résultats des régionalistes, les partis vont devoir se recomposer. Nous sommes bien loin d’une année d’apaisement ! Et s’il n’y avait que cela….
Le dérèglement climatique est là. Les températures que nous constatons actuellement ne sont pas bonnes pour les cultures. Avec 20 degrés de trop au Pôle Nord, Stéphane Lévin aurait pu faire sa virée nocturne presqu’en short !…. Que se passera-t-il dans quelques mois lorsque des plantes auront gelées, pourries, que des récoltes seront perdues ? Que vont devenir les abeilles – si importantes pour la pollinisation des cultures – qui se réveillent et ne trouvent rien à manger ? 2016 risque vraiment d’être une année de tensions et la France n’est pas la seule région du monde a être touchée. 2016 n’est pas encore née qu’elle ressemble déjà beaucoup trop à 1788.
Il reste quand même un espoir, un autre scénario. Ça ne résoudra pas le problème du climat mais ça permettra de commencer à réparer la société. Que le Parlement refuse que la déchéance de la nationalité soit inscrite dans la Constitution, que le Parlement refuse que l’état d’urgence soit prolongé indéfiniment (la pétition est là d’ailleurs), et que l’Etat commence à se préoccuper des vrais problèmes : les droits collectifs, les revenus, la création et le partage des richesses, le développement des individus, l’égalité de tous les territoires.
Les nouveaux conseils régionaux sont sans doute maintenant bien conscients de l’urgence d’agir et la société civile (mais depuis quand une société n’est plus civile ?!) est pleine d’imagination, de ressources, il y a des expérimentations partout. Des associations, des entrepreneurs, des collectifs se bougent et font évoluer les choses. Tout peut aller vite dans une environnement favorable ! Et c’est justement cet environnement que l’Etat, l’Europe, les collectivités devraient faciliter et mettre en place.
2015 va se fermer. J’ai l’impression qu’avec tout ce qui s’est passé cette année, les mots de liberté, d’égalité, de fraternité devraient guider l’action des politiques. En attendant, comme disait Edward R. Murrow : Good night, and good luck.
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