Et après ? #CharlieHebdo

Les trending topics vont changer, Charlie ne sera plus au cœur de l’actualité. On le voit déjà, les critiques des actions et des autres sont là. Elles vont s’enfler. On va s’engueuler. Mais c’est ce qu’il se passe en démocratie, quand on n’est pas d’accord. Parce que la démocratie, c’est d’abord le droit de ne pas être d’accord. C’est ça qui était défendu en défendant Charlie, nous sommes d’accord sur ça. On a le droit de croire à des choses différentes. On a le droit de se foutre de la gueule de ces croyances. On discute, on raisonne, on rigole.

Charlie s’est remis à bosser. Putain, quel courage ! Mais ils nous diront sans doute qu’ils ne font que leur boulot, humbles, juste parce qu’il n’est pas possible que les salauds qui ont tant tué gagnent aussi au niveau symbolique.

Mercredi, Charlie Hebdo sortira. Un million d’exemplaires. Je ne sais pas si ce sera suffisant, nous serons nombreux à l’acheter. Et tu sais le mieux, on va se marrer, on va être outré, on va trouver qu’ils vont trop loin. On va pleurer, pas la peine de se le cacher. Parce qu’il y aura les chers disparus. Mais que nous avons tous besoin de pleurer et de sourire avec eux.

Charlie allait mal, financièrement. Mais le dessin de presse va mal, de toute façon. Un problème économique encore : comment faire rire sur du papier quand Internet est une arme de distraction massive en temps réel ?

Je ne sais pas toi mais j’avais perdu l’habitue d’acheter le journal. C’est si facile de tout avoir dan la poche, de tout avoir à un clic, gratos, n’importe où, n’importe quand. Enfin, presque. Pas toujours à la campagne, pas dans le métro, pas dans les vieilles pierres, pas dans les cages de Faraday que sont certains immeubles, pas quand la batterie est déchargée. Bref, presque tout le temps. Mais ce réflexe là, peut-être qu’il nous faut y repenser, parce que s’il était menacé, vraiment menacé, pas seulement trollé, je ne suis pas sûr qu’un humoriste en herbe, dans sa chambre, résisterait longtemps à l’auto-censure. Or, la liberté, c’est justement de pouvoir dire ce qui déplaît à d’autres. Alors, bien sûr, nous allons acheter Charlie. Mais il n’y a pas que Charlie.

J’entendais dire, cette semaine, que si l’humour, la dérision, dans la presse avait été la norme plutôt que l’exception, on n’en serait pas là. Je ne sais pas. Mais ça semble logique. On a peut-être à retrouver comme vivre ensemble, comment faire l’humour ensemble.

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