Chatroulette apparait de temps en temps sur ma timeline Twitter. Bien que connaissant le principe, ayant lu deux ou trois choses dessus, parfois les ayant même relayées, je n’avais jamais clavardé sur le site. Mais, hier, je me suis dit qu’il fallait au moins que je le teste une fois.
Le principe de Chatroulette est connu : on est mis en relation avec des inconnus, de manière aléatoire, via webcam et on peut à tout moment zapper nexter (néologisme à partir du bouton next) les interlocuteurs. Et on peut être nexté, aussi. Ça, c’est la théorie.
Avec mon esprit un peu naïf, j’imaginais du coup de passionnantes conversations avec des inconnus, comme le train en réserve parfois. Je me disais aussi que, pour un travailleur nomade, cela pouvait aussi être une formidable opportunité d’avoir des personnes qui passeraient la tête par la fenêtre, pour dire bonjour quand on est disponible. Les avantages de la machine à café, de l’open space – un open space mondial – sans les inconvénients, en somme.
J’étais très naïf. La réalité est autre. Comme dit Loïc H. Rechi, dans l’article « De l’art de socialiser en matant des seins » :
Chatroulette incarne avant tout une machine qui pousse à une nouvelle sorte de consommation gratuite, celle des individus.
Et à l’exhibitionnisme. Il ne faut pas longtemps pour voir, sur Chatroulette, un homme en train de se masturber ou une femme dans une position inhabituelle (plus souvent des extraits de films pornographiques que du live, d’après les critiques). Quand je dis « pas longtemps », c’est moins d’une minute (au maximum). Le nombre de photos d’exhibitionnistes que l’on peut voir sur Chatroulettemap (oui, il y a un site qui localise les personnes, grâce à leur adresse IP – l’anonymat de la plateforme n’est que relatif) est finalement très faible par rapport à la réalité.
Du coup, je comprends mieux la vidéo de Kdfa sur Seesmic.tv disant que Seesmic n’est pas Chatroulette ou la vidéo d’Amstramgram sur Phreadz. Le langage d’Amstramgram peut paraître cru mais la réalité de Chatroulette ne l’est pas moins. Cependant, il peut arriver qu’il y ait de vrais discussions sur Chatroulette. J’ai ainsi un peu discuté avec un designer d’élévateurs, en Chine, ou avec l’heureux possesseur d’un furet, quelque part en France.
Sur le modèle de Chatroulette d’autres sites se sont montés. Il suffit de faire une recherche sur un moteur de recherche mais il est probable qu’on trouve les mêmes limites, le même exhibitionnisme… et le même voyeurisme? Peut-être que, pour avoir des repères sociaux, pour se comporter on line comme on se comporte IRL, il faut avoir une identité, une réputation, à construire, à tenir. Dans ce cas, une machine comme Chatroulette fait nécessairement perdre les repères sociaux.
Après mon voyage sur Chatroulette, je suis retourné sur Seesmic (j’en avais notamment parlé sur le billet vidéo Pourquoi la vidéo ne fonctionne pas en France?). C’est un peu désert. Les seesmicers ont migré vers Phreadz et, pour les francophones, vers le canal la Phrance.
Là-bas, comme le souligne Amstramgram, point d’onaniste. Est-ce parce que l’identité se construit sur du long terme, que les vidéos sont enregistrées, réintégrant la notion de temps qui passe ? Je ne sais pas. Par contre, les conversations de cette communauté me semblent bien plus intéressantes et drôles que celle des personnes sur Chatroulette ;-)
Très bon article ! J’espère que tu n’as pas été traumatisé lol