Discussion, hier, avec un enfant. Il venait de se battre. Il avait été provoqué et disait que les hommes – par opposition aux femmes – devaient se battre.
Comme à chaque fois, dans des situations similaires, j’ai rappelé le cadre, la règle : « on ne se bat pas ici » . Inlassablement, j’ai redit l’importance de faire appel à une tierce personne, l’adulte, l’animateur présent.
Ce n’est pas la première fois que je tiens ce type de discours. L’humanité doit réapprendre les codes sociaux à chaque génération, c’est normal, même si cela peut paraitre absurde.
Je n’arrive pas à encore à le formuler clairement mais je prends conscience que la parole elle-même est un média. Elle permet de prendre de la distance. C’est elle qui permet de combattre la violence, même si parfois elle l’attise.
A côté de la parole, il y a aussi, parce qu’il permet de la cristalliser, l’importance du rôle du tiers dans la résolution des conflits. Je n’en avais pas une telle conscience auparavant mais, depuis quelques mois, je l’explique régulièrement aux enfants.
Je ne soutiens pas une thèse, quand je suis avec les enfants, j’essaye d’être très pratique, efficace, de faire redescendre la tension très vite. Alors, bien sûr, ce que j’explique est sans doute schématique, grossier, avec plein de défauts peut-être, mais, pour expliquer aux enfants qu’ils ne peuvent pas résoudre seuls les différents, je prends l’exemple des adultes : ils ont besoin de juges. Ce n’est pas la fonction juridique qui m’importe là, mais la présence du tiers. Je répète donc inlassablement aux enfants qu’il n’y a pas de honte à demander à quelqu’un d’autre d’aider à résoudre un conflit, puisque c’est aussi ce que font les adultes, que c’est comme cela depuis des milliers d’années partout dans le monde. Le rôle du tiers, quel qu’il soit, est universel.
Je ne suis pas juge, mais animateur. Alors, une fois ces choses dites, une fois des repères marqués, parce que c’est bien mon rôle de rappeler le cadre et les rôles sociaux, il faut que le ou les enfants repartent dans le reste du groupe. Et c’est alors l’humour qui permet de dédramatiser le conflit, de passer à autre chose.
Quand l’enfant passe d’un visage fermé à un sourire, je me dis que c’est en partie gagné, que le conflit est dépassé, surmonté. Il y a quelques jours, un autre enfant me disait « tu m’énerves, quand je suis en colère, tu me fais quand même rire » :D