Le service civil obligatoire revient dans les propositions, comme réponse aux massacres de Charlie, Montrouge et porte de de Vincennes, tant pour la gauche que pour la droite. Une petite recherche Google permet de voir que c’est un sujet qui revient régulièrement depuis la fin du service national obligatoire pour les hommes (à l’époque, cela ne gênait pas grand monde que la moitié de la population française soit exclue de ce qui était censé fonder la Nation).
J’ai fait un service civil, il y a deux décennies, et cela a été excellente expérience pour moi. J’ai pu choisir l’association où j’ai été et cela a représenté une première expérience professionnelle réussie. Un service civil permet de redynamiser le tissu associatif, rendre des services utiles. Avec la fin du service, l’activité que j’avais créé a disparu, il n’était pas possible pour l’association de transformer cela en emploi.
Faut il rendre un tel service, civil ou civique, associatif ou non-marchand de toute façon, obligatoire ? Je n’en sais rien. L’école républicaine n’est-elle pas déjà censée regrouper tout le monde, faire vivre une expérience commune ? Comment, en quelques mois, le travail qui n’a pas été fait pendant 15 ou 20 ans pourrait-il être rattrapé ? D’autant que, dans les associations, il n’y a pas un brassage des appelés entre eux. Pendant tout mon service, je n’ai jamais rencontré un seul autre appelé (sauf pour les « 3 jours » de sélection qui, à mon époque, duraient une demi-journée). Par contre, cela permet une insertion dans un monde professionnel, auprès de salariés.
C’est peut-être cela le vrai intérêt du service civique : offrir une insertion professionnelle, une expérience monétisable sur un CV, tout en faisant quelque chose d’utile. C’est un emploi, en fait. Avec 22,7% de chômage parmi les moins de 25 ans en avril 2014, on voit bien qu’il y a problème.
Lorsque je discute avec des étudiants, le gros enjeu est sur les stages. Cela devient une préoccupation majeure pendant plusieurs mois. Ils envoient un nombre impressionnant de CV. Mais, comme me disait une étudiante « les entreprises ne nous aiment pas parce qu’on n’a pas d’expérience« . Un service civil permettrait de répondre à cela.
Le truc, c’est que le service civique existe déjà. Il n’est pas obligatoire mais il est là. « Selon François Chérèque, président de l’Agence du service civique, il y a « trois ou quatre » fois plus de demandes que de missions disponibles. » relève l’Express
Le budget annuel de 170 millions d’euros en 2015 devrait être 600 millions d’euros si le service était obligatoire, dit toujours Chérèque. Je me dis qu’il faudrait déjà budgéter un montant pour que toutes les demandes soient satisfaites. Mais on pourrait aussi verser un revenu à chacun, indépendamment de toute activité, pour que chacun puisse trouver les activités qui lui semblent les plus utiles pour la société. Utopie ?