J’ai vu Shoah, de Claude Lanzmann à la fin des années 80. Le film avait peut-être été diffusé au moment du procès de Klaus Barbie. Je ne sais pas, c’est loin.
Je me souviens, par contre, qu’il avait été diffusé sur plusieurs soirs. Je l’avais enregistré sur des cassettes VHS. Shoah est un film documentaire qui dure 10 heures.
J’étais en vacances. Il y avait du soleil dehors, j’aurais pu préférer voir la lumière du jour, mais j’ai regardé Shoah sur 3 journées. Je savais que cela allait être dur. Je m’étais sans doute dit que j’étais prêt.
Je me souviens de ces trois jours. Shoah sur la télé, dans une pièce aux portes fermées, expérience éminemment intime, où j’étais blotti sous des couvertures, maigre protection face à l’horreur qui était racontée.
Grâce au magnétoscope, je pouvais arrêter à tout moment. J’avais froid, glacé par les témoignages. J’allais régulièrement me faire du thé. A midi, je mangeais à la table familial, parlais peu. Puis retournais voir, pour voir et ne jamais oublier.
Le soir, je tombais, crevé par l’émotion, et dormais jusqu’au lendemain, où je reprenais. Je mangeais peu, je n’avais pas faim. Le rythme a été le même pendant les trois jours.
Ce matin, parce que le camp d’extermination d’Auschwitz a été libéré il y a 70 ans, Marceline Loridan-Ivens était l’invitée de France Inter. Rescapée de plusieurs camps, elle sort le 4 février Et tu n’es pas revenu. Son témoignage est à écouter. Il m’a mis dans le même état que lorsque j’ai découvert Shoah, il y a près de 25 ans…
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Je ne sais pas s’il y a un bon âge pour découvrir ce dont l’homme est capable. Pour moi, c’était au lycée. Mais il faut le faire, pour ne jamais oublier. En cela, c’est une bonne chose qu’aujourd’hui #Auschwitz70 et #Shoah soient en trending topics sur un Twitter. Peut-être que cela va permettre à d’autres de découvrir, pour ne laisser se reproduire la barbarie, pour ne jamais laisser nier ce qu’il s’est passé.
Marceline Loridan-Ivens peut être rassurée, son témoignage et celui d'Annette Wieviorka servent. #interactiv #Auschwitz70
— Philippe Couzon (@pcouzon) 27 Janvier 2015