Je suis en train de lire … et je ne suis jamais allé à l’école d’André Stern. Je suis absolument enthousiaste de voir la manière dont il a appris, joué, exploré – tout cela est une seule et même chose -, comment il s’est développé dans un cadre qui n’était pas détruit par les peurs scolaires ou les attentes parentales. Ce n’était pas un monde d’enfant-roi, il avait conscience qu’il n’était pas économiquement possible de tout faire, mais, enfin, ses parents lui ont laissé vivre sa vie d’enfant.
En France, l’école n’est pas obligatoire. Pour une raison que j’ignore, c’est seulement à Toulouse que j’ai rencontré des parents qui assuraient l’instruction à la maison. J’imagine donc que ce n’est pas si courant que cela. Mais, dans le cas d’André Stern, c’est encore différent. C’est lui qui a été son propre instructeur… ou plutôt, ce sont tous les maîtres qu’il a pu trouver au cours de ses découvertes et rencontres qui ont été ses insctructeurs : écrivains, compositeurs, adultes, artisans, dictionnaires, magasines spécialisés, etc. L’enfant n’a fait que suivre son penchant naturel pour la découverte, l’exploration.
Dans la conférence TEDx qu’il a donné, l’adulte qu’il est devenu précise qu’il était juste un enfant normal, pas un enfant surdoué, mais juste un enfant banal, placé dans un environnement qui l’a laissé se développer.
Je suis fasciné par la façon dont André Stern prend un sujet pour le découvrir, l’explorer, jusqu’à ce qu’un autre sujet vienne se présente à sa curiosité. Il y a une ressemblance à qu’on peut trouver dans le roman Des fleurs pour Algernon; mais ce n’est pas de la science-fiction. Tout éducateur adorerait que tous les élèves aient la même soif d’apprendre, mais peut-être n’est-ce pas possible justement parce qu’ils sont vus comme des élèves à qui on doit apprendre des choses et pas des personnes qui peut les découvrir… ou pas !
L’enfance d’André Stern, comme la mienne, a eu lieu dans les années 70-80, avant l’Internet donc. Ce n’était pas un monde préhistorique, on avait quand même accès à la connaissance, je précise cela pour les lecteurs qui n’auraient jamais connu. Mais imagine si la petite poucette dont parle Michel Serres pouvait étancher sa soif aussi avec cet accès aux connaissances et avec un potentiel de rencontres décuplé ?
Ce n’est ni l’école, ni l’instruction, qui devraient être obligatoires, mais juste l’enfance… et ce serait déjà beaucoup ! Considérons que ce sont des personnes, faisons leur confiance et laissons les enfants jouer. Nous savons tous que rien n’est plus sérieux que le jeu pour un enfant. Ce n’est pas un divertissement quand ce n’est pas pour se distraire après une journée scolaire épuisante.
Mais, comme adulte, j’adorerais aussi avoir gardé cette capacité à apprendre. Dans cette histoire d’une enfance heureuse d’André Stern, je retrouve certaines choses que j’ai pu vivre, des circonstances qui m’ont aussi permis d’apprendre seul. Par exemple, des livres et revues arrivaient dans la maison, apportées par mon près, étaient mis à disposition sans obligation de les lire. C’est peut-être là que j’ai appris aussi à être autodidacte. Mais je me mets clairement trop de barrières pour être totalement libre. Il faudrait peut-être que je joue un peu plus :-)
« Il n’y a rien de mieux pour apprendre que le jeu.« (André Stern)
Au fait, qui veut le livre quand je l’aurai fini ? ;-)