Depuis hier, sur Twitter, je relaie et tweete sur #CharlieHebdo. Comme beaucoup, partout dans le monde, #jesuisCharlie. #NoussommesCharlie.
J’aurais dû m’abonner il y a longtemps à l’hebdomadaire satirique. Je ne suis pas toujours d’accord avec lui, alors je ne l’ai pas fait. C’était une erreur. L’équipe de Charlie a eu raison, toujours, d’aller aussi loin que possible dans l’expression, dans l’humanisme qui est le leur.
Je parle au présent. Douze personnes ont été tuées mais Charlie sortira mercredi prochain. Les tueurs voulaient assassiner le meilleur journal qu’il soit, ils ont échoué. Une idée se tue avec une plume, pas avec une Kalachnikov, jamais.
► #CharlieHebdo, l'hommage de Banksy (@thereaIbanksy) pic.twitter.com/9x2388EwqZ
— itele (@itele) 7 Janvier 2015
Je dois beaucoup à Charlie. J’en suis un lecteur depuis que je suis ado. J’avais une éducation religieuse, son anti-cléricalisme m’a réjoui. Je lisais Siné comme une curiosité. Bien sûr, tous les dessins n’étaient pas toujours de bon goût, mais, bordel, on peut se moquer des religions, ça fait du bien !
Dans Charlie, j’ai découvert Caroline Fourest, si importante pour démonter le catholicisme puis toutes les religions.
J’ai découvert des écrits libertaires et, à travers les éditos de Val, Cavanna, Charb, j’ai aussi appris ce qu’est la République, pas la cinquième, non, mais la République idéale, son idée, celle qui permet de vivre ensemble. J’ai appris ce qu’était la laïcité.
Avec Oncle Bernard, j’ai appris l’économie, bien plus que dans mes cours. Je ne savais pas, alors, qu’il était économiste. La seule chose que je voyais, c’est que je le comprenais et qu’il rendait passionnant un sujet.
J’ai lu Luce Lapin. Je ne te comprenais pas toujours, Luce dans tes combats contre la corrida, tes copinages antispécistes. Ca ne me semblait pas si important que ça. Mais il semble que les germes que tu as plantées aient poussées puisque me voilà vegan.
Cabu croquait avec malice les militaires, ça m’allait bien au moment où je devais faire mon service national.
Et puis, je me suis mis à écrire. Je tapais sur une vieille machine à écrire, sur un ordinateur poussif, je photocopiais, faisais des collages. J’envoyais mes fanzines par la poste. Puis j’ai continué sur l’Internet.
Mais, toujours – même quand Charlie était contre le Net -, pour décrypter l’actualité, c’est vers Charlie Hebdo que je me tournais. Parce qu’il ne parlait pas des faits divers, mais essayait toujours de parler des valeurs, de dénoncer la connerie de certains et célébrer la jouissance, la sexualité, la joie, le rire, la vie. En bref, de l’Homme, des gens. Charlie Hebdo, c’est l’humanisme, l’amour des gens mais l’humour affûté contre les idéologies morbides.
Laurent Joffrin écrit dans Libé : « nous défendrons notre savoir-faire et notre vocation : aider le lecteur à se sentir citoyen. »C’est ce que fait Charlie depuis que je le lis. Charlie a fait de moi un meilleur citoyen, un meilleur électeur. Je ne suis pas toujours d’accord, je n’aime pas toujours mais on se marre forcément. Et puis, sinon, il y avait les dessins de Wolinsky à regarder.
« Charlie, défends moi » fut un cri contre l’extrême-droite. A notre tour de défendre Charlie, de le soutenir et, plus largement, d’utiliser ce droit formidable que nous avons, la liberté d’expression, la liberté de rire de tout.