Véronique Soulé raconte dans son blog l’anecdote (anecdotique ?) : le ministre de l’Education a fait demi-tour parce qu‘il n’y avait que 50 personnes dans la salle où il devait débattre.
Est-ce un manque d’éducation de la part d’un ministre qui en porte le nom ? Je vous laisse en débattre. Par contre, cela dit certaines choses.
On peut supposer qu’il a voulu viser l’efficacité. N’est-ce pas ce que nous faisons tous ? Enfin, surtout à Paris apparemment. Un des organisateurs explique : » Il y avait eu plus de 450 réservations mais seulement 50 sont venus, or en province lorsqu’il y a 450 réservations, 400 viennent et nos forums font le plein. » Vincent Peillon a agi à Paris en Parisien.
A mon avis, on ne peut pas reprocher au Ministre d’avoir visé l’efficacité. Après tout, c’est bien avec les deniers publics qu’il se déplace. Sauf que… Sauf qu’une personne, en l’occurrence une journaliste, fait sans doute plus de bruit supposé sur le Net que les 450 qui auraient assister au débat. Au moment où j’écris, l’anecdote l’article est 8ème au classement ebuzzing.
Pour une fois, vous allez pouvoir rendre responsable l’Internet. Bienvenue dans une nouvelle ère, le monde change. L’efficacité n’est plus du côté nombre mais de la qualité. Les 50 personnes présentes étaient motivées. Elles auraient pu être vos ambassadeurs.
Deux invités, Selma Ravn (accessoirement décorée réçemment comme Chevalier dans l’Ordre des palmes Académique) et Peter Gumbel, grand reporter, ont été choqués et cela se sait. Le fait de ne pas un engagement et de ne pas présentant une excuse ou un prétexte, a peut-être été contre-productif. Véronique Soulé explique qu’il aurait pu écourter son intervention en prétextant un emploi du temps chargé. Je dois être provincial, cette explication ne me convint pas….
La journaliste avance une explication : « on croit comprendre que Vincent Peillon a voulu faire respecter sa fonction, et sa personne, au nom d’une certaine idée de la France. » En terme marketing, il a voulu défendre la marque France. De ce point de vue, cela a été efficace : on sait maintenant que la France est rigide, bien loin de la culture nordique des Etats, comme le Danmark où cela aurait été impossible d’après Selma Ravn. Nous sommes toujours dans la France de Louis XIV.
La question que cela pose à mon avis : n’est-il pas temps de moderniser la marque France, de la rendre plus sociale, moins rigide, moins formelle ? Bref, que la République devienne une social-démocratie ?
Ce qu’aurait pu faire le Ministre tout en respectant « une certaine idée de la France » :
– valoriser les personnes présentes, que le sujet intéressant vraiment ;
– les transformer en ambassadeurs en leur demandant de porter la parole aux absents…. et pas seulement aux 400 qui n’étaient pas là.
La fabrique de la défiance généralisée, d’après le livre de Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg chroniqué par les Alternatives économiques est une « école, qui privilégie les meilleurs au lieu de jouer la coopération, mais aussi des syndicats sur la défensive, une organisation du travail de type hiérarchique« . La hiérarchie, le rang, c’est bien ce qu’a voulu montrer le Ministre. Le débat était : « Sortir de l’école de la défiance« . Cqfd : cela doit commencer par le haut.