Petit tour matinal sur Wikio, qui me renvoie chez Simone de Bougeoir puis sur l’éditorial d’Alix Girod de l’Ain. Il me semblait que la campagne Mademoiselle, la case en trop s’était essoufflée, l’éditorialiste la relance.
De quoi s’agit il ?
Deux associations féministes demandent la suppression de la case « mademoiselle » sur les documents administratifs, constatant qu’elle n’offre aucun intérêt et qu’elle introduit une distinction discriminante entre les hommes et les femmes (c’est vrai qu’il n’y a pas de case pour écrire « puceau » sur les dits formulaire, par exemple, et qu’on s’en fout…).
Le débat n’est pas nouveau. L’article Mademoiselle de Wikipédia m’apprend qu’il y a eu en 1983 une réponse ministérielle qui indique que ce n’est pas une notion administrative, que cela ne fait pas partie de l’état civil et que c’est aux intéressées de décider si elles veulent être appelées Madame ou Mademoiselle. Par défaut, c’est le Madame qui s’applique.
D’ailleurs, au Parlement, à l’Académie française, on dit Madame, et non Mademoiselle, me semble-t-il (si je me trompe, merci de corriger… J’ai lu cela il y a très longtemps, je ne sais plus où ;)), quelque soit la civilité de la Parlementaire ou de l’Immortelle.
A ce propos; l’étymologie et l’histoire de « mademoiselle » sont intéressantes : ce n’est pas le mariage qui est le point important puisque le terme, ambigu, a pu distinguer une « femme mariée de la petite noblesse ou de la bourgeoisie » (XIIIème siècle) ou « femme mariée ou non attachée à une maison ou à un emploi » (XIXème siècle). On est loin du « jeune fille noble » du IXème siècle.
Edit : Sur le site de la campagne, il y a une chronologie complète de l’évolution du mot mademoiselle/fin de l’édition.
La case administrative ne sert à rien, n’apprend rien puisqu’elle n’est que déclarative. Elle ne correspond à aucune situation, même si elle induit que l’avenir d’une demoiselle est d’être une dame. C’est encore moins utile que les cases « veuf/veuve », « divorcé(e) », c’est dire !
Dans le débat qu’il y a eu il y a quelques semaines, j’ai entendu un argument économique contre la suppression de cette case : cela coûterait cher au contribuable de rééditer les formulaires. A mon avis, il suffirait juste d’enlever la case dans les nouveaux formulaires. Les anciens formulaires édités finiront bien par être tous utilisés un jour ;-)
Je ne parle que des formulaires, parce que cela ne signifie pas qu’on ne pourra plus parler de demoiselle, dans la rue, dans les films, à la télé, etc. La proposition est seulement de l’enlever de papiers administratifs, pas de la langue française !
Sur le Net, dans les formulaires d’inscriptions à des services, cela fait bien longtemps qu’on s’en tient aux sexes des personnes (au pire !) et qu’on ne leur demande pas si elles doivent être appelées monsieur, madame, mademoiselle, docteur, monseigneur, etc… dans les mails d’information.
Bref, dans ce contexte, l’éditorialiste d’Elle écrit :
ce qu’il faut revendiquer, c’est notre droit inaliénable à être des princesses.
dans un article où elle est contente que sa fille ressemble à une poupée :
ma fille de 18 ans, avec ses boucles blondes et ses joues roses, n’a pas du tout, du tout, une tête de madame
C’est d’un autre siècle. Ça me choque. Les femmes ne sont pas des objets. C’est ce qui m’a incité à écrire ce billet.
Une personne anonyme répond à Alix Girod de l’Ain en disant :
Vous défendez notre droit inaliénable à être des princesses. Moi, je défends celui d’être des reines avec les droits qui y sont attachés
La réplique est admirable, supprimons « mademoiselle », cette case en trop !