Encore une fois, ce matin, sur France Inter, j’ai entendu des journalistes envisager la sortie de l’euro. Ça me semble totalement surréaliste.
Je dois être vieux. Si, vraiment. Je me souviens des pièces en francs. Je me souviens que des proches parlaient en anciens francs. Je me souviens que, lorsque je suis allé aux Pays Bas, nous avons dû changer nos pièces en pièces belges, puis néerlandaises, que les banques prenaient des commissions. Je me souviens, aussi, que l’Europe était coupée en trois, avec des dictatures « capitalistes » (Grèce, Espagne…), d’autres « communistes » (à l’Est de la moitié de Berlin), et « Nous », les « social-démocraties ». Elles n’étaient pas toujours très sociales, d’ailleurs…
L’euro, pour moi, c’est une chance. D’un point de vue pratique, cela permet de voyager sans avoir à changer de monnaie tous les x kilomètres, sans avoir à donner des sous aux banques juste pour faire le change. Mais, l’euro, c’est aussi la possibilité de comparer les prix, d’avoir un marché plus grand, avec ce que cela implique pour le dynamisme économique, social.
L’euro, c’est aussi un pas important vers le fédéralisme, ce vieux rêve hugolien des Etats Unis d’Europe, avec ce que cela suppose de coordination, de démocratie, de résolution des conflits par la négociation, par la voie politique plutôt que par la guerre. Avoir une monnaie commune et, encore plus, unique, c’est ne pas pouvoir se passer les uns des autres.
Ceci dit, je ne suis pas attaché à l’euro en tant que tel. Le jour où l’euro et le dollar ou le yen pourront fusionner, je voterai oui. L’enjeu du monde n’est plus en Europe, la globalisation est là. Facebook et sa monnaie, bien que virtuelle, préfigure le besoin d’une monnaie commune mondiale. Dans ce contexte, les chroniqueurs, journalistes, politiques, qui envisagent sérieusement la sortie de l’euro, provoquent chez moi un certain malaise…
Bonjour Philippe,
Je disais donc en retweetant l’article, pourquoi dans les médias, c’est toujours les plus » cons » qui parlent le plus fort. Sortir de l’euro est le sujet sur lequel il ne faut pas me brancher. Pourquoi ?
La monnaie unique est la meilleure chose qui nous soit arrivée. Sur le plan économique, il faut considérer la France comme un marché local, l’Europe comme le marché intérieur, le reste comme l’export. Je suis contre une monnaie unique mondiale.
L’instauration de la monnaie unique a été la pire préparation que l’on puisse faire. Je m’explique : nos politiques s’y sont pris comme des manches. Ils ont tout fait à l’envers. D’où périodiquement, la volonté de certains de revenir en arrière : à chaque fois qu’il y a un problème monétaire en fait.
Le passé est passé : il faut l’oublier. Il faut assumer : nous ne sommes plus français, nous sommes européens. Il faut admettre une Etat fédéral européen avec les mêmes règles économiques, fiscales et sociales pour tous les pays. C’est la seule condition pour que l’euro joue pleinement son rôle.
Moi aussi je me souviens des francs, des francs belges, des francs suisses. Et du soulagement que j’ai eu, en tant que « frequent traveller », à diminuer le nombre de stocks de pièces et billets, à ne garder que la livre, le franc suisse, le dollar et le dollar canadien.
Je ne remets pas en cause l’euro. Je crois que ce qui a été fait est indéfaisable sans graves crises, et que ce serait pire que le mal, mais je ne suis pas tellement d’accord avec certains arguments.
L’euro permet de comparer les prix ? Alors comment expliquer les énormes différences de prix entre l’Allemagne et la France ? Que l’introduction de l’euro ait été tellement inflationniste en France, et pas chez notre voisin (parce que si je me souviens des pièces, je me souviens aussi des prix). Et que nous sommes toujours capables d’aller faire nos courses à Londres, ou sur internet en dollar, et de comparer les prix ?
L’euro est un pas vers le fédéralisme ? Cela a été je crois la plus grande illusion des européens convaincus, dont moi, de croire que la monnaie unique allait être un pas vers une union politique. Aujourd’hui, je suis persuadée que les deux processus sont totalement indépendants. D’ailleurs, une grande partie de l’Afrique partage le franc CFA, sans que cela ait généré un quelconque fédéralisme…
Je suis pour le maintien de l’euro, car c’est malgré ce qu’on dit, une monnaie forte qui nous avantage, parce que la diminution des coûts administratifs pour les entreprises qui importent / exportent est essentielle, mais finalement, quand je fais le bilan, en tant qu’individu, je ne suis pas sûre que la diminution de mon stock de monnaie étrangères ait compensé correctement la hausse indécente des prix qui s’est produite, très discrètement, grâce à l’euro – en France. C’est d’ailleurs sans doute une des raisons de ce « débat », car l’électeur de base, appauvri ces dernières années, voyageant nettement moins, doit aussi faire ce constat.
Marie-Aude,
Non, la monnaie unique ne pouvait pas être un pas vers l’union politique. Dans ce cas, le croire est une grande illusion comme tu le dis. Je m’oppose vigoureusement à l’idée que les 2 processus sont indépendants.
Le franc CFA a fait la même erreur que l’euro : une union monétaire avant une union politique. Concernant l’inflation post-euro, les initiateurs et les défenseurs en France n’ont pas voulu faire l’effort de tout mettre en place. Comme s’ils se battaient pour une idée à laquelle ils ne croyaient pas. J’aimerai beaucoup avoir l’avis d’un bloggueur d’un autre pays de l’Union.
J’ai vécu dix ans en Allemagne où la mise en place de l’euro s’est faite sans problème, après une très courte période de double affichage. Quand je revenais en France et que je voyais toujours les prix en double, j’écarquillais les yeux.
Il est vrai que l’inflation est un monstre en Allemagne, beaucoup plus qu’en France, vrai aussi que les prix sont très fortement tirés par la compétition, le « pas cher » est un argument qui fait vendre.
Quand je veux dire que les deux processus sont totalement indépendants, le pas décisif vers le fédéralisme est une décision politique qui doit être portée par quelque chose de beaucoup plus lourd que la coopération économique.
Les zones de libre échange se multiplient, l’Otan existe depuis longtemps, on peut aller très loin dans la coopération entre états sans qu’un vrai fédéralisme s’instaure. Si à la fin, le fédéralisme ne peut pas exister sans une monnaie commune, il n’est pas non plus la conséquence d’un espace économique unique.
@Vincent : Hier, j’entendais la proposition (je ne sais pas qui était l’intervention) d’indexer différentes monnaies les unes sur les autres, notamment avec le dollar et yuan. Le début d’une réflexion sur serpent monétaire mondial ? Pourquoi es tu a priori contre une monnaie mondiale ?
@Marie-Aude :
Comparaison des prix : On peut voir le prix d’une salade moins chère quelque part, sans pour autant y aller pour en acheter. Mais, pour les voitures, par exemple, des achats ont été fait. Pour les achats à Londres ou en dollar, oui, bien sûr ils continuent (heureusement).
Les prix ont augmenté en France : mais est-ce la faute à l’euro ? En regardant la façon dont cela s’est passé ailleurs, non…
@Marie-Aude et Vincent : La monnaie me semble être un un pas nécessaire, mais pas suffisant, vers le fédéralisme. Comme le fait remarquer Vincent, il manque l’envie d’aller plus loin.
Bonjour Philippe,
Je suis contre une monnaie mondiale pour les mêmes raisons que je suis contre un développement économique mono-industrie dans les villes, chose courante pourtant. Le monopole en économie est assimilé au collectivisme, ce n’est pas une situation enviable de mon point de vue.