Je reviens d’une journée de salarié, tombe sur un tweet du Monolecte, clique dessus, par négligence peut-être et atterris sur un billet de blog appelé Et ça s’appelle le libéralisme. Toujours par négligence, je commence à lire…
Il y a des gens qui font des rêves et ces rêves sont nos cauchemars. Et ça s’appelle le libéralisme.
Et c’est quoi exactement, le libéralisme ?
C’est perdre tous ses droits en échange de l’illusion de liberté qui consiste à s’auto-exploiter à mort, en claironnant qu’on est « auto-entrepreneur » .
Là, j’appuie sur le bouton « pause » et je relis.
C’est bien écrit. D’accord. C’est fluide et tout. Mais, vous avez pris des substances pas très licites avant d’écrire, hein? Je suis désolé de faire des rêves qui sont vos cauchemars. Franchement, ce n’est pas ce que je voulais. Je souhaite juste vivre du fruit de mon travail, et juste utiliser mes capacités au mieux. C’est sans doute trop utopique ?
Je suis entrepreneur, déclaré comme auto-entrepreneur, mais, franchement, ce n’est pas un drapeau. C’est juste un truc avec le fisc, un moyen de payer l’URSSAF au regard de mon activité économique. Comme on peut payer ses impôts sur le revenu. Parce que dans un pays avec un Etat Providence comme l’est la France, avec une République sociale, issue du programme du CNR, c’est normal de contribuer à l’effort collectif.
Je suis entrepreneur, déclaré comme auto-entrepreneur, mais, franchement, ce n’est pas un drapeau. C’est seulement la possibilité de proposer mes compétences, d’autres compétences que celles que je propose comme salarié. Le but n’est pas de travailler plus, mais de travailler autrement.
Perdre des droits en étant auto-entrepreneur ? Personnellement, je n’ai pas perdu de droits en me déclarant comme auto-entrepreneur. Droits à quoi, d’ailleurs ? A toucher des allocations chômage ? Je suis salarié. A prendre des vacances ? Ça ne change pas grand chose. A une retraite alors ? Oui, j’ai changé de régime social, mais j’en ai toujours un. Ce sera sans doute un peu compliqué pour la reconstitution de ma retraite, dans une vingtaine d’année, mais je n’y suis pas encore.
« S’auto-exploiter à mort » ? Sérieusement, c’est sympa de prendre des nouvelles de ma santé, mais ça va plutôt bien pour le moment. Si, sérieusement, j’ai le sourire camarade citoyen ;-) Je travaille pour vivre, je ne vis pas pour travailler. Par contre, je suis persuadé que l’homme est un être de projets. Et cette entreprise que je bâtis, c’est, pour moi, un de ces projets.
Est-ce de la liberté, ou une illusion de liberté ? Je ne sais pas. Je vais citer ce que disait Pierre-Olivier récemment :
La liberté d’action des entrepreneurs n’a de réalité que pour ceux qui sont sans foi ni loi. Pour les autres, la majorité à mon sens, les responsabilités créent exactement le même type de lien de dépendance que la hiérarchie dans le salariat ou l’argent dans d’autres modèles ; c’est simplement la façon dont tout cela s’exprime qui diffère.
Alors, le cauchemar, je ne le vois pas. Sans doute suis-je très naïf.
Je suis déclaré comme auto-entrepreneur parce que, finalement, je suis entrepreneur. Et tant pis si ça s’appelle le libéralisme.
Je n’ai pas lu son l’article (c’est vendredi soir), mais je pense que le Monsieur fait sans doute allusion à ceux qui n’ont pas le choix de travailler autrement qu’en AE (salariat déguisé, etc.).
C’est vrai, ce statut, c’est vraiment le minimum niveau cotisation. Voir même rien si tu n’as pas de CA (ce qui n’est pas le cas avec les autres régimes, pas de CA = tu paies un forfait minimum, au moins pour te couvrir socialement).
Mais nous (je m’inclue, on a une situation similaire), nous ne sommes pas dans ces cas-là, nous sommes des auto-entrepreneurs « idéals » : avec une activité principale en tant que salarié et sans contrainte. Ça nous permet vraiment de tester une autre activité et de proposer nos compétences.
Mais c’est sûr, je ne vois pas en quoi on « claironne ».
Commentaire tout à fait juste Guillaume ;-)