Si je ne devais retenir qu’une conférence parmi celles qui ont eu lieu samedi dernier, à Web In Alps, je garderais celle de Pierre Ammeloot : Organisation en « full télétravail » : outils et bonne pratiques pour que cela fonctionne.
Pierre est Project Manager chez Knowledge expert et c’est son expérience dans cette entreprise qu’il nous a présenté.
Pierre a commencé par définir la notion de télé-travail : c’est l’organisation du travail en dehors des bureaux professionnels. Trois modalités de télé-travail :
- en home office
- dans un tiers lieu (les espaces de coworking, par exemple)
- nomade
Pierre utilise le mot télétravail mais la notion de home office est la même pour lui. Ce n’est pas un autre lieu d’entreprise imposée par une direction.
Knowledge expert est une entreprise d’un peu moins de 20 salariés qui développe des sites. Elle réunit donc surtout des codeurs.
L’organisation de cette entreprise a été drivée par la saturation du réseau routier et la volonté des fondateurs de réduire son impact sur l’environnement. La vision était qu’il n’était pas possible de perdre son temps tous les jours dans des moyens de transport pour aller travailler.
Pour autant, les bureaux ne sont pas complètement supprimés puisque :
- les développeurs se réunissent physiquement tous une fois par mois ;
- les managers se réunissent physiquement tous une fois par semaine ;
- des bureaux sont disponibles si nécessaire pour des réunions.
Le travail s’étale du lundi au vendredi et c’est le droit du travail suisse qui s’applique.
6 points importants :
- L’Intranet
- Le co-voiturage
- L’organisation de la semaine
- Le Stand Up quotidien
- Le recrutement
- Les « Good Points ».
L’humain a été mis au centre de l’organisation du travail, pas les locaux. Chacun peut travailler pratiquement de n’importe où, à partir du moment où il y a une connexion haut débit à l’Internet. La première année, l’entreprise n’avait pas de locaux, les réunions s’effectuaient chez les fondateurs, puis dans des salles louées. L’absence de frais fixes a permis d’embaucher un développeur en plus. Le temps dégagé pour les autres développeurs est utilisé notamment pour la formation des salariés.
L’Intranet donne accès à :
- Un carrousel de news, qui peuvent être écrites par n’importe qui sur n’importe quel sujet. Cela peut être sur les projets en cours mais aussi les anniversaires ou d’autres choses.
- Tous les processus sont renseignés, du plus petit au plus grand, en mode Wiki (mais avec des validations), pour que les salariés trouvent d’eux mêmes les réponses aux questions qu’ils se posent. Pour Pierre, l’important n’est pas le processus en lui-même mais qu’il soit appliqué.
- La base de connaissances
Le co-voiturage (qui peut être avec des voitures de fonction) est :
- Un moment convivial et de partage informelle ;
Un moment qui prépare le travail puisque, naturellement, les salariés commencent à parler de leur activité dans la voiture.
Pourquoi avoir mis en place le co-voiturage ? Une réflexion sur l’impact de l’entreprise sur l’environnement mais aussi une question toute bête : il n’y a que 4 places de parking. Pour Pierre, c’est clair : ce nombre de places ne changera pas, même s’il y a 50 salariés. C’est d’ailleurs la même chose pour les locaux !
L’organisation (inspirée de la méthode Scrum, avec un run d’une semaine) :
Le lundi est réservé à la planification et aux estimations. C’est le développeur qui indique combien de temps il a besoin pour accomplir telle ou telle tâche dans la semaine.
La production s’effectue du mardi au vendredi et le planning doit être au minimum modifié. Cela signifie que les réponses aux devis, demandes d’ajouts de fonctionnalités, ne sont faites que le lundi. En gros, à part le crash d’un site, tout peut attendre le lundi pour être traité.
Les salariés doivent être joignables sur certaines plages horaires journalières mais, à part cela, ils s’organisent comme ils veulent. S’ils sont plus productifs tôt le matin ou tard le soir, pourquoi les empêcher de travailler au bon moment ?
Stand Up Quotidien
Tous les matins, l’équipe se retrouve à 9h pour un quart d’heure. Quand je dis « se retrouve », c’est en fait chacun devant son écran, sur Skype. Pierre appelle cela les Skype Up ;-) Quinze petites minutes, donc, pour que chacun puisse dire ce qu’il a fait la veille et ce qu’il fera dans la journée.
Lors du Web 2 Connect, Jean-François Ruiz avait aussi parlé de cela dans l’organisation de Power On. Tous les soirs, chacun dit sur Skype (en chat), ce qu’il a fait dans la journée, ce qu’il va faire le lendemain, et ce sur quoi il a butté dans la journée.
Le recrutement
Pour une entreprise en télétravail, l’humain est forcément important car l’organisation est basée sur la confiance. Le processus de recrutement a donc pour but d’établir une relation. La première partie permet de cerner la personnalité, la deuxième d’évaluer le métier et, enfin, de connaître l’équipe, l’entreprise.
Les « Good Points »
Les GP sont distribués anonymement par les salariés. Ils peuvent s’attribuer des points entre eux ou à des membres de la direction. Les points sont convertis trimestriellement en prime. Le but est d’inciter à aider…. et on ne sait pas si cela valoriser ou pas. Les primes reçues par la direction sont réinvesties dans des achats pour l’équipe.
J’ai balayé rapidement ce que Pierre a pu dire. Chez Digidust, nous travaillons un peu différemment mais il me semble que cette organisation peut être largement adaptée à de nombreuses entreprises. Pierre est près à faire d’autres conférences alors s’il y a des organisateurs d’évènements qui lisent ce blog, je crois qu’il vous faut l’inviter ;-)
Merci Philippe pour ton feedback et ta retranscription de ma conférence c’est très intéressant de voir cela écrit avec tes mots et ton interprétation. ;-)
Nous continuons à essayer d’améliorer notre mode de fonctionnement de façon itérative et agile, nous mettons en place de nouvelles idées quand nous en avons et si besoin nous revenons en arrière ou nous les modifions en cours de route.
Comme tu le dit Philippe je suis preneur de toute invitation pour faire cette conférence que ce soit dans un élément comme Web In Alps ou directement en entreprise.
J’aimerais que les entreprises se rendent compte que le télétravail s’y possible et quo change la vie des salariés (et des patrons ^^).
À bientôt,
Pierre
Bonjour,
j’ai trouver cette exposé bien expliqué et clair…Merci
Cela dit, il est tout de même à noter que les entreprises françaises ne sont pas toutes très ouverte à ce type de travail.
Je cherche moi même un emploi en home office depuis quelques années dans le domaine de l’informatique, j’ai plus de 10 ans d’expérience et Bac +3 Info et génie Info et franchement je n’ai jamais rien trouvé !!
C’est désespérant sachant que le travail que je fais actuellement je pourrais le faire de chez moi mais la société pour laquelle je travaille y es formellement opposé. Avez-vous une astuce pour trouver un job en home office ou faire passer la pilule à mon employeur ?
Merci d’avance.
La société française évolue petit à petit, David. Il faut arriver à trouver les avantages pour l’entreprise, pas pour le salarié, parce que c’est un choix de société (dans tous les sens ;)).
Merci beaucoup Philippe pour avoir publié tes notes.
J’ai profité de l’élan donné par Pierre lors de sa conférence motivante pour publier le compte-rendu d’une expérience personnelle de travail depuis mon bureau à la maison pour une start-up :
le télétravail 1/3 : outils (logiciels et sites web) pour télétravailler.
le télétravail 2/3 : enseignements tirés d’une longue expérience en télétravail.
le télétravail 3/3 – émission de radio qui faisait un état des lieux en 2008 : évolution inéluctable, poussée par les entreprises, à laquelle les lois s’adaptent.
Philippe, tu as l’air d’avoir publié plusieurs posts sur le télétravail sur ton blog, je vais lire tout ça.
@Pierre : La reformulation est surtout vraie sur la vision. Il me semble que la vision, c’est de passer du temps entre amis ou en famille plutôt que dans les bouchons. Le reste n’est que déclinaison.
@Guillaume : Intéressant, merci !
Merci pour ce billet,
Ce doit être une expérience intéressante de travailler de cette manière.
Je me pose tout de même des questions sur le coté « humain ».
En effet, comment à la longue est vécu/ressentie le fait de travailler seul la journée ?
Ch.
Bonjour Christophe,
Travailler seul ne veut pas dire « être seul ». Je travaille en équipe, j’échange régulièrement avec ma hiérarchie et j’ai nos clients au téléphone régulièrement.
Tout cela me permet d’être en contact avec du monde qui partage le même univers professionnel que moi.
Pour échanger de pair à pair en dehors de l’entreprise je vais à des événements networking comme le Rencard du Web à Annecy et Genève et ChambéCarnet à Chambéry.
Je n’ai donc pas l’impression de solitude qui ressort dans la question. ;-)
C’est plus difficile pour un freelance qui peut vite se couper du monde extérieur en restant la tête dans le guidon.
J’espère que ma réponse permettra à plus de personnes de passer le pas du télétravail.
Pierre